Jeux

Pro Evolution Soccer 4

Sport | Edité par Konami | Développé par Konami

10/10
360 : 25 novembre 2004
28.11.2004 à 22h11 par - Rédacteur |Source : http://www.xbox-mag.net/

Test : Pro Evolution Soccer 4 sur Xbox

Après des années passées à ronger un frein depuis longtemps rompu, l’amoureux de ce merveilleux sport qu’est le football peut laisser éclater sa joie (‘tention à garder le t-shirt, gare au carton jaune) : Pro Evolution Soccer est disponible sur Xbox ! Finies l’abstinence et l’infidélité, le bien jouer est maintenant possible, et ce à grand renfort de tacles, de contres ravageurs et de frappes amoureusement enveloppées.

Au commencement était la liberté

Pour construire une bonne simulation automobile, il faut un moteur physique réaliste qui reproduit fidèlement les réactions d’un véhicule donné par rapport à un type de route et en tenant compte de paramètres divers comme la masse, la vitesse et bien d’autres choses. Pour le foot, c’est pareil, et c’est ce qu’a très bien compris KCET qui applique les mêmes principes pour la série Pes que Polyphony pour Gran Turismo. Konami a donc travaillé d’arrache-pied pour modéliser 22 joueurs et 1 ballon, faire bouger tout ça de la manière la plus vraie possible et mettre tout en œuvre pour donner un maximum de possibilités au joueur. Sans aller jusqu’à faire une liste de tout ce qui est possible ou probable dans ce PES4, je dirais qu’entre les acquis et les nouveautés apportées par cette nouvelle édition, il n’y a pas (ou plus) grand-chose qui soit impossible à faire pour un bon manieur de pad, ce qui s’avère éminemment jouissif vous en conviendrez.

La principale nouveauté au niveau du jeu concerne le système de passes. Alors qu’il était auparavant bien difficile d’aller chercher un partenaire éloigné avec autre chose qu’une transversale, il est maintenant possible, en appuyant plus ou moins longtemps sur le bouton de passe, d’effectuer des passes puissantes qui vont directement trouver un coéquipier démarqué. Cet ajout, qui fonctionne aussi pour la passe en profondeur, permet de se dégager bien plus efficacement en cas de danger, et plutôt que de dégager en touche ou de donner la balle à un joueur marqué, on relancera très proprement en l’envoyant un peu plus loin, le tout restant dans les pieds (pas de risque au niveau du jeu de tête donc). C’est réellement une énorme nouveauté et un grand pas en avant qui donne bien plus de choix au niveau de la circulation du ballon. A part ça, on retrouve tout ce qui a toujours fait la force de PES, c’est-à-dire des feintes variées et utiles, des centres millimétrés pour la tête de vos attaquants (attention au timing ultra précis), des tirs aux trajectoires ultra réalistes (et enfin brossées) et une liste de gestes qu’il serait inutile de faire ici tant elle est longue. Sachez toutefois qu’un joueur qui maîtrise PES peut tout faire et tout tenter, que ce soit hyper collectif ou très personnel. Qu’on se le dise, le foot n’a jamais été aussi réaliste, et même si certaines pesteront contre la facilité avec laquelle on envoie son attaquant au but (avec une passe en profondeur bien dosée par exemple), une défense bien préparée et bien utilisée aura raison de tout, et même des brésiliens aux dents de lapin.

Jeu à l’anglaise, à l’italienne, à la coréenne ou même à la parisienne (avec 7 stoppeurs et 3 milieux défensifs), tout est permis du moment que vous disposez des bons joueurs (Kim Hoi, 1m57, n’est pas adepte de kick & rush). C’est ce qui fait toute la valeur et la beauté de ce sport, et c’est ce qui fait que PES déchire depuis ses débuts. Je glisserai une petite remarque au sujet de la maniabilité, pensée à l’origine pour le dual shock de Sony mais qui s’accommode assez bien du pad S. On regrette par contre que l’analogique des gâchettes ne soit pas utilisable pour accélérer plus ou moins vite, et ainsi un peu moins regretter l’absence du bouton R2. Quelques parties suffisent à retrouver ses marques, le seul problème venant du fait que le pad de la Xbox s’avère plus fatiguant pour les doigts que son homologue PS2. Quelques heures de jeu et vos pouces risquent de fumer, mais c’est un petit prix à payer pour un tel joyau, et il reste toujours l’alternative de l’adaptateur pour les plus indécrottables.

Bien entendu, être un artiste vidéoludique ne s’improvise pas, et il faudra certainement un temps d’adaptation aux plus néophytes d’entre vous (de nombreux modes d’entraînement sont dispos), même si le premier niveau de difficulté permet déjà de s’amuser sans se prendre la tête. Pour ceux qui connaissent déjà PES, aucun problème évidemment, les nouveautés seront assimilées en moins de deux et on se demande bien vite comment on a pu faire pour se passer de cette passe longue ou de ces magnifiques tacles. J’ai lu çà et là que PES n’était pas intuitif et qu’il se destinait à une élite de joueurs, et je pense que c’est tout l’inverse. N’importe quelle personne qui a déjà joué au foot dans sa vie trouvera vite ses marques sur sa console tant les réactions et gestes faisables sont proches de ce que la réalité propose. PES a cette sorte de feeling qui fait qu’on sait, qu’on sent que ça va marcher comme ça à tel moment, tel endroit et avec tel joueur. C’est d’ailleurs le seul jeu qui autorise des coups de folie comme on en voit de temps en temps sur les terrains d’Europe (frappe soudaine de trente mètres, lob de génie ou dribble insensé…).

Du contenu comme s’il en pleuvait

Loin de proposer autant d’équipes que Fifa, PES se contente d’offrir une cinquantaine de sélections nationales, 6 championnats complets plus quelques formations européennes majeures, ce qui est finalement tout à fait suffisant. Du moins si l’on pense comme moi que jouer le championnat du Qatar n’est pas une priorité. Bien sûr, abondance de bien ne nuit pas et on espère que KCET fera un petit effort la prochaine fois au niveau du « reste du monde ». Côté modes de jeu, c’est Byzance avec de la coupe et du championnat en veux-tu en voilà, un mode Live très attendu (voir plus bas) et l’éternelle Master League qui fait son retour. Cette dernière est blindée de nouveautés à commencer par un aspect gestion bien plus poussé puisqu’il faudra cette année compter avec l’âge des joueurs, et ainsi gérer votre effectif en veillant à ne pas se retrouver à poil avec 5 joueurs qui partent à la retraite la même année. Il va sans dire qu’il faudra aussi être vigilant sur le marché des transferts, car acheter un Desailly à prix d’or pour le voir partir une saison plus tard pourrait être un bien mauvais choix aussi bien sportif que financier. Si les vieux joueurs déclinent lors de leurs dernières années de vie footballistique, les jeunes ont les dents qui rayent le parquet et ne demandent qu’à apprendre. Le nouveau système de statistiques fait que chaque joueur qui n’a pas encore atteint son meilleur niveau progresse selon l’utilisation qu’on en fait. Si vous êtes un patator dans l’âme, vos artilleurs verront leurs stats de tir augmenter, tandis que votre gardien verra ses réflexes s’améliorer au fur et à mesure qu’il en prendra plein la panse, etc. Personnellement, j’aimais bien l’ancien système même s’il n’était pas des plus réalistes et ça me fâche un peu de voir mes joueurs décliner parce que je ne les fais pas tirer ou passer assez souvent… Pouvoir désactiver cette gestion de l’âge eut été une bonne chose selon moi, mais ce n’est pas dramatique non plus et votre meilleur joueur sera retraité bien avant qu’il ait perdu tous ses moyens. Enfin, l’interface des menus a subi un gros lifting et se révèle bien plus agréable à l’œil, même si l’ensemble n’est pas toujours des plus clairs. Quelques heures suffisent néanmoins pour s’y retrouver.

Une Xbox assez peu exploitée

On pouvait s’y attendre, Konami n’a pas beaucoup retravaillé son jeu pour l’adapter sur Xbox. Bien qu’assez joli et surtout réaliste en terme de modélisation et d’animation, PES4 n’est pas une tuerie et même s’il n’a pas le côté plastique de Fifa, le rendu global fait un peu léger pour une console aussi puissante. On notera toutefois que les loadings sont plutôt courts et que les ralentissements de la version PS2 ont totalement disparu, ce qui est fort appréciable quand on se souvient des instants « bullet time » de Winning Eleven 8. On notera aussi un scintillement assez sévère au niveau de la pelouse, ce qui éclatera plus d’un globe oculaire et qui en énervera plus d’un étant donné que la version PlayStation ne semble pas souffrir de ce problème. A part ces considérations très techniques, PES4 reste une pure tuerie en mouvement, avec des joueurs plus vrais que nature et des gestes incroyablement nombreux et tous plus classes les uns que les autres. Chaque animation (contextuelle, selon le placement du joueur par rapport au but, au ballon et à ses partenaires) est éblouissante de réalisme et voir les 22 bonhommes s’agiter sur le terrain est un spectacle dont on ne se lasse pas. Il ne reste plus qu’à imaginer la même chose avec des graphismes plus propres, plus détaillés et une plus grosse résolution pour que le tableau soit parfait. Sans doute pour la prochaine génération de machines. Konami a aussi pris exemple sur EA en créant quelques cinématiques qui rendent les parties plus dynamiques : le tireur de corner pose son ballonsous des jets de portables (je plaisante), les joueurs s’enguirlandent après un tacle appuyé ou le buteur qui vient de marquer et fait ses 37 sauts périlleux… Bref, les matchs sont vivants au possible mais on reste le premier rôle à chaque instant, ça change.

Les comédons (ou points noirs)

Oui, Pro Evolution Soccer 4 est le meilleur jeu de foot tous supports confondus, et à fortiori sur Xbox. Pourtant, Pro Evolution Soccer 4 n’est pas parfait, il présente même un nombre conséquent de défauts plus ou moins embêtants (plutôt moins), le premier étant l’absence de réaction du gardien sur certaines frappes. Il arrive en effet que ce dernier ne réagisse pas lors de certains tirs proches du poteau,et si l’on pardonne volontiers ce bug lorsque la balle pulvérise la lucarne (ça fait réaliste visuellement), c’est bien plus irritant quand le cuir roule à deux à l’heure dans le but au raz du montant. Bien sûr, ça n’arrive pas trop fréquemment mais le sentiment d’injustice est bien présent quand c’est le cas. Deuxio, les touches. Au lieu de diriger le joueur recevant le ballon (comme avant), KCET a cette fois décidé de nous confier le lanceur, qui soit réagit trop lentement soit ne dispose pas de joueur à proximité. Parfois même il n’y a aucun joueur adverse au marquage du receveur et on peut faire sa touche en tout tranquillité tout en ayant largement le temps de centrer. On s’y fait à force, mais l’on se demande quelle mouche a piqué Konami sur le coup. Enfin, je fais un petit pot-pourri de petits trucs agaçants ou peu réalistes comme le très grand nombre d’extérieurs du pied sur les passes normales, le volume impressionnant de fautes d’antijeu que fait le CPU (ce qui occasionne énormément de pénos), l’absence de jeu à 8, la capacité faramineuse qu’ont certains joueurs de se blesser (Giuly et Inzaghi n’ont pas la maladie des os de verre que je sache) ou l’absence d’arbitres de touches alors que leur pote du centre est là, lui. Ces quelques problèmes empêchent PES4 d’être parfait mais le laissent ravir aisément la couronne de meilleure simulation à son prédécesseur, et l’on ne doute pas que KCET saura entendre les critiques des joueurs pour les éventuelles évolutions du jeu, ou pour PES5.

Le Live

Pouvoir jouer contre n’importe qui dans le monde, on l’espérait depuis des années et c’est désormais une réalité, aussi crade soit-elle. Pour le moment, le mode Xbox Live est loin d’être parfait, le lag étant un peu trop envahissant. Pour un jeu aussi basé sur le timing et la précision, le moindre petit temps de latence a son importance et malheureusement, PES4 n’est pas épargné de ce côté. Si le joueur qui créée la partie n’a aucun problème, ce n’est souvent pas le cas de son adversaire qui devrai faire avec un temps de réponse variable. De même, le joueur qui se déconnecte en pleine partie n’est pas sanctionné et le match passe tout simplement aux oubliettes. Ca permet aux petits enfoirés de se tirer à la 89ème minute alors qu’ils sont menés 4-0 (hein Ptitbou tu croyais que j’allais t’oublier mon salaud ?) et c’est tout bonnement inadmissible. Espérons que Konami rectifie ces deux problèmes dans un prochain patch (déjà annoncé), que l’on puisse profiter du jeu comme il se doit, dans des conditions parfaites.

On pourrait aussi pester contre le fait que les effectifs du mode Live sont ceux de base (donc pas à jour), contre le fait qu’il faille se taper toutes les cinématiques de hors-jeu ou d’occasions et qu’il faille parfois lutter pour arriver à entendre son adversaire, mais ce sont des défauts très secondaires et il suffirait de régler le seul problème du lag pour faire de PES un incontournable du Live.

En exagérant un brin, je dirais que jouer à PES revient à être libéré de toute contrainte matérielle. A la manière d’une bonne paire de chaussures qui se fait aussi discrète et légère que possible pour faciliter le contact entre le pied et le ballon, un bon jeu sait faire oublier ce gros machin en plastique qu’est le pad pour mettre le joueur, virtuel cette fois, au plus près des sensations que l’on peut éprouver dehors, dans la vraie vie. C’est à mon humble avis là que se trouve le génie de Konami et c’est cela, et seulement cela (oubliez les noms, les marques et le reste) qui différencie un bon jeu de foot d’un autre. En ce sens, Pes4 est le meilleur jeu de foot qui soit, car il améliore la recette en donnant toujours plus de liberté(s) au joueur.

+

    -

      • Un rendu assez froid et réaliste avec des proportions fidèles et des visages qui ne le sont pas moins. Les grandes stars sont superbement modélisées, les autres joueurs sont plus banals. L’effort au niveau des licences est appréciable mais on attend plus.
      • C’est simple, tous les gestes du football sont présents. Le jeu est intuitif et la courbe de progression monumentale, chacun y trouvera son bonheur. Le pad Xbox se prêtre bien au jeu, même s’il se révèle plus fatiguant que son homologue PS2.
      • Avec autant de coupes, de championnat, de modes multi et une Master League inépuisable, seul PES5 aura raison du 4.
      • Anecdotique. Les commentaires sont pourris, la foule assez peu présente et le reste s’oublie vite.
      • Le jeu de foot le plus jouissif et le plus réaliste est enfin sur Xbox, avec une fonction Live en plus. Totalement incontournable pour tout amateur de football qui se respecte.
      • On peut probablement faire plus, mais pas mieux. Chaque geste est saisissant de réalisme, les trajectoires (droites ou enveloppées) de balle tuent et puis c’est tout, y’a rien à rajouter.
      • Pour le moment on s'amuse mais c'est loin d'être parfait. Si Konami règle les problèmes de lag et de triche, on peut rajouter 3 points à la note...