Jeux

Colin McRae : DIRT

Course | Edité par Codemasters | Développé par Codemasters

8/10
360 : 28 juin 2007
26.06.2007 à 13h36 par

Test : Colin McRae : DIRT sur Xbox 360

Entre crissement de pneus sur l’asphalte et nuage de poussière sur terrain sablonneux, l’ami Mac Rae revient plus en forme que jamais nous présenter cette licence qui affiche neuf années d’existence, six épisodes multi-plateformes ainsi qu’un parcours exemplaire. Le virage next gen devant être amorcé avec finesse tout en évitant l’excès de vitesse fatidique, les équipes de Codemasters ont pris le temps de développer un nouveau moteur « maison » baptisé Néon et passent la troisième en optant pour un spectre plus large dans le but d’attirer un public inédit, peu être un peu réticent au départ si non connaisseur. Les coulisses des courses de rallye deviennent plus accessibles et, même si les créateurs évoquent une juste balance entre l’arcade et la simulation, les bénéfices du premier permettront à un grand nombre de se lancer sans frustration dans cette discipline ô combien jouissive.

Une interface qui démarre sur les chapeaux de roue

Pourquoi faire des détours lorsque l’on peut prendre enligne droite pourrait être l’adage à retenir dans cet épisode puisque les développeurs ont pris la tangente d’effacer tout discours rédhibitoire après avoir enfourné la précieuse galette. Ici, une voix off vous présente sobrement les trois grandes catégories du soft (Carrière, Championnat et Rallye), vous conseille de commencer par la première en vue de vous former aux différentes techniques avant d’approfondir et montre ce qu’un jeu télévisé appellerait communément la pyramide des gains, sauf que présentement il s’agit de la série d’épreuves – elles-mêmes divisées en onze strates qu’il faudra passer pour obtenir le titre de pilote suprême. Dans ce mode, les différents types d’épreuves alternerontavec un éventail de cinq niveaux de difficulté très bien calibrés. Le classement confère des points de réputation, des sommes d’argent et permet de débloquer d’autres courses tandis qu’un tableau récapitulatif viendra afficher les meilleurs scores. Processus assez commun dans un jeu de courses somme toute, par contre les temps de chargement sont utilisés à bon escient car chaque départ est précédé d’un résumé de vos statistiques personnelles, aidant à mieux visualiser la progression. Les gains que vous accumulez servent à financer votre écurie et donc à acquérir vos modèles favoris parmi les 45 présents dans cette mouture, laquelle inclutdes voitures de rallye dites « classiques » (Peugeot 205, 207 et 307, Toyota Cenica, Citroen C4, Subaru Impreza) mais également des pick-up, des 4×4 comme le Touareg, des camions et des buggies.

Bien évidement, chaque modèle étant étudié pour un terrain spécifique, les courses se répartissent en différents terrains dont les modalités au niveau de la conduite et de la technique diffèrent totalement. Six genres d’épreuves ont été implémentés dans la version finale :

-Le Rallye Raid : à l’instar du Paris-Dakkar, ces courses sur pistes sablonneuses se composent de longs tracés et se disputent ici dans la vallée d’Otay en Californie. Les véhicules tout-terrain nécessiteront une parfaite maîtrise des dérapages.

-Le Rallye Classique : le joueur aura la joie de concourir contre Colin Mac Rae lui-même et Travis Pastrana sur un circuit issu de l’une des six nations représentées (Allemagne, Australie, Angleterre, Espagne, Italie et Japon).

-Le Rallye Cross : les bolides sont customisés pour appréhender des circuits situés à moitié sur asphalte et à moitié sur chemin de terre. Certains passages s’avèrent très étroit et il faut calibrer le système de freinage.

-Le rallye Off-Road ou Corr : incontestablement l’une des disciplines les plus drôles au sein de laquelle le joueur pilote un Super Buggy, un Buggy de classe 1 ou un pick-up Pro-4 sur les circuits officiels de Black River, Crandon ou Chula Vista. Entre bosses et virages en épingle, tourner relève du casse-tête et le véhicule part facilement à la dérive mais trouver la bonne technique se révèle un pur bonheur (8 à 10 participants).

-La Super Spéciale : l’épreuve englobe trois courses où votre pilote affrontera un seul autre concurrent sur un circuit à deux voies (quarts de finale, demi-finale et finale).

-La course de côte : nous terminons aveccette discipline extrêmement technique et inspirée de la plus longue course de montée du monde à Pike’s Peak (1440 mètres de dénivelé, pente maximale de 10,5% et 156 virages). La progression s’avère très fatigante étant donné qu’il faut manier un bolide de 800 chevaux ou un truck de plusieurs tonnes à 150 km/h sans rail de sécurité. Un virage mal amorcé entraîne, en conséquence, une chute ou le retournement de votre camion tandis que tourner en montant relève du défi mais que de sensations à l’arrivée !

Les autres options incorporent le mode Championnat, sub-divisé en catégories national, européen, international et mondial (ou grand championnat) au cours duquel il est possible de concourir avec tous les bolides du jeu (2 à 4 roues motrices, rallye classique, traction, propulsion…) et le mode Rallye Mondial qui, lui, permet de rejouer tous les circuits débloqués en solo ou contre des adversaires gérés par l’IA. Par ailleurs, il est le seul à proposer des épreuves de contre-la-montre si vous souhaitez battre un record.

Diesel and Dust : du pur concentré d’adrénaline

Désireux de faire partager les sensations ressenties en rallye, les créateurs ont introduit les conditions réelles en intégrant, par exemple, la présence d’un co-pilote dans presque toutes les courses. Ce dernier vous indiquera avec quelques secondes d’avance les difficultés se présentant à vous et vient suppléer le rôle de la mini-carte située en haut de l’écran. En fait, pour une qualité de jeu optimale, mieux vaut tenter d’oublier cette carte et ne se focaliser que sur les indications numériques de notre camarade. Chaque virage est, en effet, chiffré de 1 à 6 et plus le nombre est faible, plus la difficulté est élevée : les indications prennent la forme d’une combinaison de type « 6-gauche-150 », ce qui sous-entend un virage très peu prononcé arrive sur la gauche et peut être pris à 150 km/h (vitesse idéalement conseillée). Perturbant dans un premier temps, on réalise pourtant assez vite que ses paroles sont d’une aide précieuse. Dans la même optique, beaucoup de réactions ont été lues ici et là quant à la difficulté de cette mouture 2007, certains lui reprochant une approche trop « arcade » alors que le rallye requiert de la technique. A ce sujet, s’il est vrai que les deux premiers niveaux de difficulté se passent plutôt aisément, passer les étapes à partir du stade « amateur » nécessite cette fois de jeter un coup d’œil du côté des réglages et d’adapter vraiment sa conduite. Chaque épreuve sélectionnée incorpore une section Entraînement qui permet de tester son bolide et de paramétrer, si besoin est, diverses fonctions. En réalité, Colin Mac Rae, malgré un choix assumé de s’ouvrir à un plus grand public, s’avère plus technique qu’il n’y parait au premier abord.

Déjà, dix neuf icônes apparaissent à l’écran en vue de relayer toutes les informations relatives à votre course et à votre véhicule – à savoir un nombre non négligeable qui permet, entre autres, de contrôler tachymètre, odomètre, diodes de surrégime et de changement de vitesse, positionnement, temps de progression ou encore vitesse en temps réel. Les réglages permettent de calibrer huit spécificités sur votre bolide (ouverture des roues, appui, amortisseurs, ressorts, transmission, antiroulis, freins et différentiels) sachant que certains aspects primeront en fonction du type de sol. Une configuration par défaut est intégrée, à vous ensuite de jouer sur les réglages pour vous sentir parfaitement à l’aise. Certes, la gestion du freinage n’est peut être pas aussi authentique que dans de la simulation pure mais bien mal avisé est celui qui croit que freiner est inutile, sous peine de finir sur le bas côté ! Combien même le joueur évite le fossé (cas qui oblige au mieux à relancer le véhicule, au pire à recommencer le circuit), une mauvaise gestion des freins entraîne un sous-virage ou un survirage qui fait quitter la trajectoire idéale en partant sur l’intérieur ou l’extérieur et perdre de précieuses secondes. Plusieurs techniques peuvent être choisies pour pallier à cette éventualité tels la dérive ou le dérapage contrôlés qui demandent un léger freinage avant virage puis un dérapage avant d’accélérer à nouveau en milieu de courbe. Les plus aguerris opteront pour le « Scandinavian Flick » – une méthode pas évidente qui consiste à prendre l’extérieur de la courbe au commencement de celle-ci et de se rabattre d’un coup afin que le train arrière effectue un mouvement rotatif avant d’accélérer à nouveau. En dernier lieu, le frein à main est crucial pour les virages en épingle de façon à ce que l’arrière du véhicule chasse avec les roues bloquées.

Ah c’est malin, forcément elle va moins bien marcher maintenant !

Bienheureux sont les amateurs de dégâts visibles à l’écran puisqu’ils affectent ici neuf points de contact (moteur, carrosserie, boîte de vitesse, roues, turbo, refroidissement, suspensions, pot d’échappement et transmission) et que chaque parcelle abîmée influera sur la stabilité et la capacité de votre engin. Du coup, un petit tour du côté du parc d’assistance pour veiller aux réparations ne sera pas du luxe même si, à moins de partir vraiment en vrille, votre bolide pourra à priori poursuivre la course sans réels désavantages. Plus drôle, en revanche, est la gestion de ce que nous appellerons les cascades : les mouvements en l’air et au sol étant très bien rendus, il est amusant de « taper » un adversaire après avoir pris une bosse et de voir son véhicule dévier. Pourtant, nous émettrons un léger bémol dans le sens où un coup de pare-choc intempestif de la part d’un autre concurrent dévie beaucoup plus notre véhicule que celui qui nous serions tentés de lui rendre. En fait, les autres participants semblent bénéficier d’une meilleure adhésion au sol alors que nous nous démenons parfois péniblement dans la mélasse des terrains sablonneux. Pourtant, plusieurs occasions se présentent pour utiliser un adversaire afin de mieux se caler pendant un virage, celui-ci faisant office de barrière improvisée entre nous et l’extérieur de la courbe. Tous les coups sont permis pour gagner et quitte à peiner avec la vitesse, pourquoi ne pas envoyer un peu les autres voir le public de plus près. Attention, pourtant, aux ruses de Sioux avec le déséquilibre des buggies et des camions car ils se retournent ou voltigent aisément.

Pour pimenter, les développeurs ont prévu des circuits glissants et tortueux et si l’on regrette l’absence de pistes enneigées et de pluie torrentielle, on apprécie la technicité requise sur l’asphalte mouillé. Certains dégâts comme le pare-brise fracassé ne rendront qu’en vue « intérieure » par contre, toutefois ici encore le choix est vaste puisque proposant sept vues au total (extérieur proche et éloigné, capot, pare-chocs, tableau de bord, arrière ou rétroviseur et casque – cette dernière étant la plus appropriée si vous optez pour la conduite avec le volant). Evoquons justement cet accessoire qui, outre quatre configurations de manette possibles, octroie une autre approche du jeu. Premièrement, les vibrations avec la manette sont d’excellente qualité et voitures comme sols véhiculent des sensations tout à fait différentes et requièrent de combiner réflexes pour gérer la vitesse et force pour appréhender certains passages. Avouons le d’ailleurs, la concentration additionnée à la force physique rendent le soft assez fatiguant et ce n’est pas le volant qui contredira cette remarque. Comme dans nombre de jeux compatibles, on applaudit le retour de force mais l’on reste sceptique : la prise en main demeure longue et laborieuse et certains joueurs accusent des défauts de réglages, pourtant bien maîtrisé l’accessoire se dote d’un charme indéniable mais ne vous mentons pas, nous n’avons pas réalisé de vraies prouesses avec.

Côté technique, l’ensemble présente donc quelques menus défauts quoi qu’au final, nous sommes tentés de dire qu’à part des temps de chargement un tout petit peu longs et un freinage parfois approximatif, le titre s’affirme comme une belle réussite. L’esthétique est soignée tant au niveau des voitures que des paysages : les bolides sont modélisés avec précision et offrent un comportement peut être pas super réaliste mais crédible quand même. Les environnements, sublimes et lumineux, servent des circuits bien pensés même si quelques obstacles en plus agrémentant les parcours n’auraient pas été de trop. Ceux-ci réservent quand même quelques surprises avec une végétation dense qui camoufle un tournant, des petites bosses plus vicieuses qu’il n’y parait et des rochers débordant parfois sur la route. Le son – un aspect souvent moins abordé – se révèle d’une pureté exemplaire en séparant avec clarté bruits de moteurs, de pneus et voix du copilote et de la foule. Essayé avec un home cinéma Onkyo, le titre bénéficie d’un rendu sonore fort immersif et même la musique techno qui précède le choix de course est carrément bien. Ce sera, en dernier lieu, du côté du Xbox Live que le soft est à la traîne puisque les deux seules catégories intégrées (Rallye et Course de Côte) ne peuvent se disputer contre d’autres concurrents ou en écran partagé. Le but est ici de réaliser le meilleur score en multi chacun à son tour même si des petits curseurs indiquent le positionnement des adversaires sur le parcours, en fait difficile de s’y imposer surtout si le contre-la-montre ne vous attire guère car un peu impersonnel.

Avec sa gestion de dégâts mécaniques et environnementaux couplée à un choix très honnête de bolides en tous genres et une pincée d’humour (certains Succès à débloquer étant totalement tordus), Colin Mac Rae : DIRT ouvre les portes de cette discipline qu’est le rallye aux aficionados ainsi qu'à un panel de joueurs peut être moins convaincus au départ. En fonction de la difficulté sélectionnée, chacun trouvera son « juste milieu » bien que le jeu vaut essentiellement le détour pour les modes solo. Rafraîchissant, coloré, amusant mais ardu lors de certains passages, le titre arrive à point nommé en ce début d’été avec des paysages exotiques aux allures de treks aventure à l’autre bout de la terre. Il fleure bon la terre rouge d’Australie ou les pins du Japon tandis que la licence réussit son entrée dans le next gen (même à 30 fps) avec un moteur gonflé à bloc. Nous ne nous y attendions pas mais finalement quel plaisir de revoir un Colin qui s’inspire de l’évolution des TOCA Race Driver !

+

  • Des graphismes très réussis
  • Un petit côté exotique très raid aventure
  • Qualité sonore optimale
  • Une ouverture grand public à laquelle on acquiesce

-

    • Maniabilité et sensations de conduite discutables
    • Pas de piste enneigée ou haute montagne
    • Des modes Live sommaires