Jeux

Call of Juarez

FPS | Edité par Ubisoft | Développé par Techland

6/10
360 : 29 juin 2007
05.07.2007 à 15h33 par

Test : Call of Juarez sur Xbox 360

Call of Juarez est sorti il y a plus d'un an sur PC aux Etats-Unis. Un an. Dans ce contexte, on peut comprendre que la pertinence d'une adaptation Xbox 360 puisse être discutée. Un an, pour quoi faire ? Améliorer un peu tout et profiter, comme toujours, des fonctionnalités Xbox Live, nous disent les polonais de Techland. Et miser sur le potentiel d'un mode solo aussi bien salué pour ses qualités scénaristiques et ses idées qu'attaqué sur ses errances en termes de jouabilité. Cela suffit-il, au moment où The Darkness, le nouveau Starbreeze, sort, et où les monstrueux Bioshock et Halo 3 se profilent à l'horizon ? Pas si sûr. L'appel de Juarez saura-t-il chatouiller nos oreilles ? Réponse tout de suite.

Un Ouest pas si terne

Call of Juarez, il faut lui reconnaître cet atout, met en oeuvre un scénario plutôt classique mais mené de main de maître. Plongé dans l’enfer du Far-West, près de la frontière mexicaine, on est témoin d’une chasse à l’homme un peu hors du commun, entre Billy, jeune désoeuvré débrouillard accusé de meurtre, et le Révérend Ray, un pasteur aux méthodes – sans jeu de mot – peu catholiques. On apprécie le soin apporté par Techland au background et aux seconds rôles, un ensemble de choses qui donnent la sensation d’être vraiment transporté au temps des cow-boys, les vrais, ceux qui lancent des jurons à chaque phrase et ne se lavent qu’une fois par an. Soutenue par des doublages français pas mauvais, l’histoire est menée tambour battant, alternant entre les chapitres où l’on joue Billy, jeune effronté doublé par la voix de Peter Parker dans Spiderman, et ceux où l’on prend le contrôle du déjà mythique Ray, capable de lire la Bible pendant les fusillades (la classe !). Un vrai travail de recherche a été réalisé pour reproduire les ranchs, les saloons, les montagnes rocheuses, et ça se sent. Même si, et on va le voir tout de suite, Call of Juarez est handicapé par un gameplay contrasté, le scénario et la cohérence du background font qu’on a envie d’aller au bout, et, mine de rien, c’est une sacrée qualité.

Du point de vue technique, on est heureux de constater que Techland ne s’est pas contenté de porter les assets de la version PC. Une réelle amélioration a eu lieu, et Call of Juarez se révèle finalement convaincant, alors qu’on ne l’attendait pas spécialement à ce niveau-là. On relève malgré tout la modélisation sommaire de certains éléments des décors (comme les buissons par exemple), mais force est de constater qu’on se retrouve avec un FPS agréable à regarder et à parcourir. Nouveau bon point.

Coups de feu, coups dans l’eau

Comme indiqué ci-avant, Call of Juarez a la particularité de proposer deux gameplays distincts, propres aux deux protagonistes principaux de l’histoire. Commençons par le plus classique, à savoir les chapitres où l’on dirige l’exalté révérend Ray. Ancien desperado, ce vieux loup solitaire est un as du passage en force. Il n’a aucun mal à défoncer les portes, transporter de lourdes charges et manier les bâtons qui crachent le feu. S’il s’équipe d’un revolver, il peut soit s’aider de son autre main pour décharger des rafales hyper rapides, soit se saisir de sa Bible et en lire quelques passages, ce qui a pour effet de déstabiliser ses adversaires et les rendre vulnérables durant quelques secondes. Mais Ray se déchaîne plus volontiers avec deux armes, une dans chaque main. Il peut alors déclencher un bullet-time qui lui permet d’ajuster tranquillement sa visée, chaque stick correspondant à un pistolet. L’utilisation de ces facultés permet de ne pas ressentir outre-mesure la monotonie des niveaux, dont l’exotisme dissimule à peine le manque d’originalité global. L’IA ennemie est, elle, un peu trop molle et se trouve en porte-à-faux avec le rythme des gunfights, résolument rapide et dynamique.

Bilan nuancé donc, mais ça passe encore, les fusillades étant finalement plutôt agréables. On regrette davantage l’orientation prise par les chapitres où l’on joue Billy. Ceux-ci partent pourtant d’une idée originale : axer le gameplay sur l’infiltration et l’exploration plutôt que sur le combat pur. Dans les faits, on se retrouve devant un mélange pas super homogène et assez redondant. La discrétion se résume souvent à passer de buisson en buisson sous le nez de gardes pas très réactifs. Il y avait pourtant matière à faire mieux, mais, bizarrement, on a vite l’impression que cet aspect stealth est plus accessoire qu’autre chose. Parcourir ces phases en tirant à tout va, ce qu’on devrait éviter en temps normal, est en définitive plus amusant et moins pénible. Paradoxal. A côté, on retrouve donc l’exploration, qui se présente concrètement sous la forme de passages plate-forme, où l’on escalade des rochers et où l’on peut s’accrocher aux branchages avec son fouet. Encore une fois, la formule arrive rapidement à ses limites, puisqu’on fait toujours la même chose et que ça lasse forcément au bout d’un moment.

Western oblige, l’aventure de Call of Juarez est parsemée de quelques moments particuliers, propres à l’univers des cow-boys. Les duels par exemple, qui font souvent office de fin de niveau. Malheureusement, ils mettent une éternité à se charger et manquent de spontanéité et de précision. On a également droit à quelques cavalcades plutôt réussies, elles. Vers le milieu du jeu, Billy, après avoir rencontré un vieil indien qui devient une espèce de mentor pour lui, se retrouve lâché dans une vallée immense, entièrement libre d’aller où il veut. Étrangement, les développeurs ne tirent que très peu parti de cet espace "oblivionnesque", et on le regrette forcément un peu. Cette orientation, le tout dernier niveau la reprend avec plus de brio, puisque l’espace, certes plus réduit, est mieux utilisé. Peut-être (et même sans doute) que Call of Juarez aurait gagné à adopter ce schéma pour l’ensemble de son mode solo, au lieu, le plus souvent, de proposer de très vastes couloirs. Difficile, bien entendu, de se mettre à la place des développeurs, mais ce constat apparaît clairement à la lumière des heures passées sur le jeu.

Duels au soleil

A trop se concentrer sur le solo, on oublierait presque que l’une des grandes forces de Call of Juarez, c’est son mode multijoueur. On ne peut malheureusement pas s’y adonner en split-screen, mais pour les possesseurs du Xbox Live, c’est un vrai bon investissement, puisque le jeu, non content de supporter jusqu’à 16 joueurs sans trop de problèmes, recèle quelques originalités bienvenues à côté des parties plus classiques. On peut ainsi participer à des reconstitutions d’événements célèbres ou à des hold-ups, et on a le choix entre quatre classes de combattant, du spécialiste en explosifs au sniper. Globalement, le contenu est riche, varié et la maniabilité agréable. Que demander de plus ?

On ne peut pas dire que Call of Juarez soit un mauvais FPS, mais on ne peut pas non plus dire qu'il soit très bon. Il possède des atouts indéniables, tels que son ambiance western et son scénario très bien réalisés. Côté gameplay, ce sont davantage les idées de départ que leur application qui sont convaincantes. On réalise très tôt les limites d'une campagne trop courte et plombée par des choix qui auraient gagné à être plus poussés, surtout du côté de Billy. Néanmoins, pour un jeu vieux d'une année, Techland réalise un beau travail de portage, ce qui se doit d'être signalé. Peut-être pas très judicieux à 70€, mais d'occasion, Call of Juarez est une vraie bonne affaire.

+

  • Ambiance western, scénario, personnages, doublages corrects
  • Un multi sympa et complet
  • Pas mal de diversité
  • Deux gameplays en un jeu

-

    • 70€ qui ne se justifient qu'à moitié
    • IA pas assez réactive
    • Solo vite fini, sans donner envie de revenir
    • Phases de jeu inégales, intérêt fluctuant

Fiche succès

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