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Blacksite : Area 51

FPS | Edité par Midway Games | Développé par Midway Austin

2/10
360 : 30 novembre 2007
29.11.2007 à 22h20 par |Source : http://www.xbox-mag.net/

Test : Blacksite : Area 51 sur Xbox 360

Après, en 2005, un Area 51 ayant reçu des critiques plutôt mitigées, Midway Games désirait réitérer l’expérience du FPS à la sauce paranormale sur consoles en utilisant une recette similaire, mais avec une ambition toute autre : le projet serait développé sur base d’Unreal Engine 3 et supervisé par Monsieur Harvey Smith, connu pour son travail sur la série Deus Ex. Finalement, le jeu sort demain après plusieurs reports. Est-il digne de son prédécesseur ? Mérite-t-il aussi de figurer en cette fin d’année chargée aux côtés des Halo 3 et autres Call of Duty 4 ? Rien n’est moins sûr.
Blacksite débute en Irak. Vous débarquez avec une escouade de GI-Joes dopés à la testostérone dont le but est de trouver des armes chimiques et nucléaires (superbe référence à l’actualité, vous noterez). Mais en lieu et place de ces engins dévastateurs, vous ne trouvez qu’une grosse pierre ressemblant vaguement à un cristal. Un de vos coéquipiers a l’intelligence de la toucher, ce qui déclenche un déferlement de monstres en tout genre, vous obligeant à revenir sur votre mère patrie pour défendre farouchement l’espèce humaine, et, accessoirement, vos fesses de soldat. Mais a-t-on réellement envie de la défendre ? Dès les premières secondes du jeu, on est cloués sur notre fauteuil, non pas par la qualité du jeu, mais devant tant de bêtise et de laideur. Où est donc passé l’Unreal Engine 3 tant vanté dans le développement du jeu ? Les textures fadasses, les décors vides et banals se succèdent. Les alliés, eux, brillent, non pas par leur intelligence, mais par un scintillement tel qu’on est aveuglés, comme s’ils s’étaient enfilé une barquette de pommes de Tchernobyl pendant le briefing.

Tout dans le muscle, rien dans le cerveau

Parlons-en d’ailleurs, de nos coéquipiers ! Entre des répliques foireuses tout droit issues d’un nanar des années 80 (tout comme le scénario d’ailleurs), des cut-scenes qui, au lieu de nous faire sourire, nous consternent encore plus (effectivement, voir le pilote de notre jeep s’arrêter à 100 mètres des positions ennemies pour aller pisser dans un coin en toute tranquillité rentrera sans doute dans les annales du jeu vidéo) et des doublages manquant de conviction, on en arrive très vite à les prendre un peu pour des c***. Et cela s’avère malheureusement fondé : ces marines pourtant surentraînés s’avèrent être d’une inutilité totale, malgré les d’ordres à donner via une gâchette. Même le système de moral des troupes, fièrement vanté par Midway, n’arrive pas à sauver les meubles. En effet, l’impression d’inutilité des coéquipiers se fait encore plus forte puisque le système qui rend vos hommes « motivés » ou « déprimés » (Ca fait d’ailleurs tout drôle de voir « déprimé » affiché à l’écran. On est en guerre ou dans Plus belle la vie ?) selon vos actions ne change concrètement rien dans le gameplay. La seule utilité de ces soldats du futur, c’est celle d’ouvrir la majorité des portes.

En face, chez les aliens, ce n’est guère mieux, avec une IA plutôt décevante. Mais au moins, on apprécie de les voir faire des bonds de 5 mètres quand on les shoote avec un petit pistolet, cela agrémenté d’une animation à faire pâlir d’envie Lara Croft dans le premier Tomb Raider. C’est une réelle chance pour le jeu que l’IA, malgré sa faiblesse évidente, sache faire mouche en nous visant avec précision, bien aidée par l’agencement des niveaux souvent vides et dénués d’obstacles pour s’abriter. Et encore, le fait qu’on ne puisse pas s’accroupir sans une pression constante du stick fait de nous une cible de choix. Que penser aussi de la dizaine d’armes aux effets indignes d’un jeu Xbox 360, dont le fusil d’assaut est le seul élément véritablement utile ? La visée est assez désastreuse, à tel point qu’on bénit souvent les développeurs de nous avoir fourni une IA si peu mobile, ce qui permet d’aligner l’adversaire plus ou moins correctement.

Blacklisté dans nos esprits

Blacksite, pour ne rien gâcher, fait d’ores et déjà partie des jeux les plus buggués de la Création. Entre les coéquipiers qui courent à vide sur des murs invisibles, des corps qui disparaissent en une fraction de seconde (oui, le jeu traite de paranormal, mais quand même) et des bugs qui nous font traverser le décor, on a réellement l’impression d’être en face d’un produit mal fini. Harvey Smith a d’ailleurs lui-même avoué dans la presse que le jeu est passé directement de la phase de développement alpha à la version commerciale, sans être passé par la phase de finition. Cela transpire le travail bâclé à tous les niveaux et c’est bien dommage.

Pourtant, on arrive quand même, de temps en temps, à s’amuser avec Blacksite. Si, si ! Les passages en jeep et en hélicoptère, sans être hallucinants, sont sympathiques quoique souvent redondants. Le point fort du jeu reste les combats bien dynamiques contre les plus gros aliens, des bêtes gigantesques qui sont visuellement très réussies mais pas spécialement costaudes une fois qu’on a compris comment les envoyer ad patres. Le gros souci du jeu, c’est qu’à chaque fois qu’on croit avoir trouvé une qualité, la réalité est là pour nous rappeler à l’ordre et ce parfois violemment. Difficile d’apprécier à sa juste mesure un titre si peu fini. Blacksite aurait pu être un jeu honnête si les développeurs l’avaient repoussé de plusieurs mois histoire de corriger les trop nombreux défauts qui jalonnent l‘aventure. D’autant plus que les 6 chapitres du jeu se parcourent en 6 à 8 heures. Bien trop peu…

Même le multi, qui propose une petite dizaine de maps plutôt bien pensées et des modes de jeux classiques (Deathmatch, CTF) n’arrive pas à retenir l’attention, encore et toujours à cause de tares sévères. Toucher un ennemi avec une visée aussi imprécise demande beaucoup de patience et ce ne sont pas les armes, identiques à celles du solo, qui aideront à y arriver. Sans compter qu’il faudra parfois patienter plusieurs minutes pour débuter la partie faute de joueurs.

A tous les niveaux, Blacksite n’arrive pas à convaincre et ce n’est pas seulement à cause de la concurrence monstrueuse à qui il doit faire face. C’était à lui d’en faire plus pour se faire remarquer, mais en définitive, il s’est lui-même sabordé en rendant une copie largement bâclée qui ne retiendra pas l’attention, mis à part pour les classements des jeux les plus buggués de l’année. S’il mérite d’avoir un oscar, c’est bien celui-là. Après un Hour of Victory médiocre, Midway nous prouve qu’il n’est pas si évident que ça de se constituer un catalogue FPS digne de ce nom. Heureusement qu’Unreal Tournament III arrive...

+

  • Des passages en véhicules potables
  • Des aliens gigantesques
  • Durée de vie finalement bien adaptée au jeu (on en pourrait pas tenir plus longtemps)

-

    • Scénario bidon
    • Une redondance inouïe
    • IA digne d’une séance de tir au pigeon
    • Pas de personnalité
    • Buggué comme rarement
    • C’est censé utiliser l’Unreal Engine 3 ?