Jeux

Max Payne 2

Action | Edité par Rockstar Games | Développé par Rockstar Vienna

8/10
360 : 09 janvier 2004
15.01.2004 à 18h09 par - Rédacteur |Source : http://www.xbox-mag.net/

Test : Max Payne 2 sur Xbox

Après un premier épisode porté à la va-vite sur consoles, avec tout ce que cela implique sur la réalisation et le gameplay, on commençait à avoir quelques doutes sur le portage de Max Payne 2 sur Xbox. Les développeurs nous referaient-ils une cagade en sacrifiant le jeu sur l’autel du Dieu « ViteViteAbouleLaThune », ou s’appliqueraient-ils pour exploiter au mieux la bête et nous offrir un jeu aussi bon que sur PC, telle était la question. Et telle est la réponse...

Un scénario sponsorisé par Malocranox

Là où certains jeux nous font jouer des héros aussi creux que la poitrine de Mme Birkin, Rockstar nous met dans la peau d’un anti-héros des plus pathétiques. Flic presque banal, Payne est torturé par ses démons, déchiré entre ses souvenirs idylliques et une réalité qui l’est beaucoup moins. Pour garder la tête hors de l’eau il se bourre de cachetons et boit comme un trou, ça n’a pas vraiment le charme héroïque de la plupart des personnages de jeux, il est vrai… Et pourtant, c’est peut-être cette humanité si dégueulasse qui nous le rend si attachant, qui fait de sa cause notre cause et qui nous pousse toujours à en faire plus pour lui, pour lui permettre enfin de retrouver de la paix intérieure. Avant cela il faudra se débarrasser de démons bien plus réels, et parfois armés jusqu’au dents. Max devra se frayer un chemin dans un scénario truffé de rebondissements (toujours réalistes je vous rassure, Max n’a ni peint la Joconde , ni assassiné Lincoln, et ce n’est pas le père de Luke non plus) et passionnant à suivre et à démêler. Le scénariste du jeu a fait de l’excellent boulot, tellement bon que le jeu est déconseillé aux moins de 18 ans, et c’est presque justifié tant certains passages sont durs, cruels ou seulement terriblement ordinaires (j’entends par là très ressemblants à la réalité de tous les jours, celle qu’on voit aux infos et qui fait froid dans le dos).

Le seul défaut de ce scénario, c’est qu’il est court, très court même : une toute petite dizaine d’heures vous suffira pour dénouer l’intrigue et voir le générique de fin. Même si le jeu peut se refaire plusieurs fois, même si le mode « Mort à l’arrivée » est plus que sympathique (on doit survivre le plus longtemps possible dans une arène très vite surpeuplée), l’aventure solo pèse plus lourd dans la balance et à choisir on l’aurait préférée plus longue.

Il est beau, il est beau, il est beau l’jeu vidéo

La réalisation de Max Payne 2 sur Xbox est à faire pâlir de honte la plupart des développeurs actuels. Evidemment moins fins que sur PC, les graphismes sont tout simplement époustouflants sur la boîte noire et verte, et (tenez-vous bien) cela ne se fait en aucun cas au détriment de l’animation, qui reste le plus souvent d’une fluidité désarmante. On peut dire merci aux développeurs de la version PC, qui ont visiblement une grande maîtrise de leurs ustensiles : le jeu tourne sur des configurations assez modestes, c’est sûrement pour cela que l’on peut jouir aujourd’hui d’une aussi bonne adaptation.

Concrètement, et pour ceux qui n’auraient jamais vu la version « compiouteur », vous aurez droit à ce qui se fait de mieux en terme de moteur physique et graphique. Les personnages principaux sont superbement modélisés (il suffit pour s’en apercevoir de regarder la magnifique Mona). Les décors sont en général de toute beauté, les textures sont aussi fines que peut le permettre la Xbox et sont de plus très stylées, esthétiquement très proches de l’idée que l’on se fait du « vrai » New-York, sombre et crade. Le moteur physique, made in Havok, fait des merveilles et voir s’envoler les ennemis sous votre feu est un plaisir rare, d’autant plus qu’ils gardent toujours une posture convaincante. On est bien loin des pantins désarticulés d’un Hitman, par exemple. Les bidons, bouteilles ou autres planches voleront aussi de manière très réaliste suivant l’impact de vos balles ou des corps. Le seul regret que j’ai à propos de l’application du Havok à MP2 est que tous les objets ne réagissent pas à vos sollicitations : il vous arrivera de croiser des lampes ou des lustres bien peu réactifs, voire carrément inamovibles (suivant leur programmation), c’est dommage car ça fait un peu tâche dans ce beau panorama. Rien de grave toutefois, Max Payne 2 était le plus beau jeu d’action de Noël sur PC, il le sera sur Xbox pendant un bon moment. Les prouesses techniques observées jusqu’ici sont soulignées par une bande-son simplement magnifique. Les musiques, superbement orchestrées, participent pleinement à la mise en place de l’histoire et les doublages (en anglais) sont très bons, la mention très bien revenant à la voix grave et rocailleuse de Max.

Un gameplay au dessus de tout soupçon

La maniabilité a subi un profond lifting depuis Max Payne premier du nom, du moins sur console, parce que sinon dans le fond on a le droit aux mêmes gestes à une ou deux nuances près. Votre double numérique bouge avec aisance et la visée est convaincante, facilitée qu’elle est par un léger auto-aim à la Halo. Bien sûr, cela enlève un peu du fun de la version PC, dans laquelle on s’amuse à plonger dans une pièce en collant une balle dans chaque tête, mais dans l’ensemble c’est le meilleur compromis possible pour une jouabilité au paddle.

Le bullet time, toujours aussi exquis à utiliser, revient dans une version un poil modifiée. On peut maintenant activer le ralenti sans pour autant plonger sur le côté, ce qui vous permettra de faire des percées d’une puissance tout à fait joussive, d’autant plus que la couleur de la jauge, qui s’assombrit au fil de vos frags successifs, influe sur l’intensité du ralenti. Le plongeon est bien sûr toujours de la partie, et vous pourrez dorénavant rester à terre après un saut pour vider vos chargeurs (dans le 1 on crevait pas mal pour avoir mal négocié un tel geste). L’activation du bullet-time occasionne un changement de couleurs, l’écran se couvrant d’une teinte sépia qui arrache la gueule, surtout quand vous rechargez vos pétoires (quand la jauge est jaune foncé) et que la caméra fait un 360° autour de Max.

Max Payne 2 : The Fall of Max Payne est un excellent jeu, un grand défouloir et une superbe leçon de développement pour beaucoup de studios qui nous pondent des jeux laids et qui rament. La puissance du scénario et l’action trépidante font vite oublier la durée de vie un peu juste et la linéarité certaine de l’ensemble. Le jeu n’a aucune ambition autre que de nous distraire, et il le fait tellement efficacement qu’on lui pardonne facilement ses quelques défauts.

+

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      • Que dire, si ce n'est un grand merci aux développeurs, pour ne pas avoir salopé le boulot. Remarque, c'est tellement bien programmé à l'origine qu'il eut été dur de foirer la conversion...
      • Aucun problème pour manier le perso. La visée automatique n'enchentera guère les artistes du head shot, mais elle permet de s'en sortir dans tous les cas extrêmes.
      • Normale pour un jeu du genre, mais on en aimerait plus, gourmands que nous sommes. Les nouveaux modes de difficultés rallongent un peu la durée de vie, surtout pour les acharnés.
      • En un mot, superbe. Les musiques sont très belles et sombres, et les doublages dignes d'une grande production hollywoodienne.
      • L'histoire est écrite avec maestria, et on prend beaucoup de plaisir à démêler et reconstituer les pensées de l'inspecteur Payne. Les planches de cinématiques sont superbes, et un récapitulatif de l'enquête précédente est disponible pour les nouveaux venu
      • Un "must have" pour les amoureux du shoot fiévreux. Max Payne 2 est un peu court, c'est vrai, mais il est tellement bon qu'on lui pardonne aisément.
      • Le moteur Havok s'en donne à coeur joie au niveau de la physique des objets. On peut juste regretter que tout l'environnement ne soit pas programmé pour bouger, et que certaines animations soient un poil raides (surtout pour Max).