Jeux

Killer is Dead

Action | Edité par DeepSilver | Développé par Grasshopper Manufacture

4/10
8.0/5
360 : 29 août 2013
27.09.2013 à 08h05 par - Rédacteur |Source : www.xbox-mag.net

Test : Killer is Dead sur Xbox 360

L'homme à l'origine des très décalés Lollipop Chainsaw et Shadow of the Damned n'a pas fini de frapper sur les consoles de salon. Avec Killer is Dead, Suda 51 semble s'être lancé dans la conception d'un cocktail sexy-jazy-sanglant aux allures plus sérieuses que d'ordinaire mais pas moins barrées. Mais vous vous demandez certainement comme nous s'il arrive à conserver son mojo après avoir pondu autant de jeux si particuliers. Parce qu'à trop faire dans le barré, il ne faudrait pas que ça finisse à nous y inciter... à nous barrer.
Walking on the MoonLes nombreux médias distillés au fil des mois passés (on pense notamment au bon goût de «KID TV») sont autant de témoignages prouvant qu’il y a dans Killer is Dead les ingrédients qui font une production Grasshopper Manufactures. Les lames sont affutées, les filles sont sexy et quant aux ennemis, le rouge leur va toujours si bien. Ce trio jamais parfait mais souvent gagnant trouve avec Killer is Dead une nouvelle façon de s’exprimer avec comme chef d’orchestre le flegmatique Mondo Zappa, tueur de son état. Mais attention, il n’est pas n’importe qui, et ne tue pas n’importe quoi… A moins que ce ne soit le contraire ? C’est qu’il faut suivre avec Suda. Armé d’un katana d’un côté, de son bras mécanique Musselback de l’autre et d’une paire de lunettes aux pouvoirs intéressants et sur lesquels nous reviendrons, Mondo œuvre pour maintenir la tranquillité sur terre face à des ennemis tous droits sortis non pas de la cuisse de Jupiter mais bien de la face cachée de la Lune. Cette menace d’une grandeur à faire trembler un Transformers n’effraie pas Mondo et les autres membres de cette agence visiblement reconnue d’intérêt publique par le gouvernement. Avec l’aide de Bryan dit le capitaine crochet afro du futur, de Vivienne la Shiva blonde et de l’insupportable mais ô combien utile Mika, Mondo fait le tour de la Terre pour prêcher la bonne parole car il n’y en a qu’une seule : Killer is Dead.
Oui c’est bizarre, c’est frappé et le mauvais goût affiché semble toujours avoir quelque chose d’exquis pour qui y a préparé son palet. Pour autant, Killer is Dead tente une approche plus sérieuse qu’à l’accoutumée. Bien sûr il demeure difficile de ne pas sourire devant tant de clichés sur la puissance, la virilité ou encore la séduction vues par Suda 51 et ses compatriotes. Mais il n’est pas rare de soupirer pour deux raisons : la première, c’est que tout cela se prend parfois trop au sérieux et devient ridicule ; la seconde veut que le trop de place laissé à cette narration décousue et compliquée pour pas grand chose écarte peu à peu le joueur de sa quête de connaissance sur l’histoire de Mondo. Oui et sans prétention aucune, on peut affirmer qu’il était possible de rendre tout cela plus intéressant en étant plus léger et en allant au bout de ces touches d’humour tellement bienvenues et pourtant si rares. Dommage d’avoir manqué le coche avec la narration parce que l’habillage du titre a lui de quoi servir ce genre d’univers voulu atypique : des contrastes poussés, une grande aversion pour le noir pour des graphismes qui compensent le manque de détail en assurant l’unité. Ainsi les très nombreuses cut-scenes montrent que Killer is Dead a un certain cachet et l’ambiance toujours un peu pesante est très bien portée par une bande-son discrète mais extrêmement efficace. Les doublages ne sont d’ailleurs pas en reste pour peu que l’on opte pour le japonais mais néanmoins convenables pour ce qui est de la langue de Shakespeare.Tu es déjà mortUn peu comme Kenshiro, Mondo a sa réplique fatale et pour répéter Killer is Dead a tous ses ennemis, il lui faut parcourir douze chapitres qui sont autant de rencontres avec les idées bizarres qui peuplent l’esprit des équipes de Grasshopper. Dans la droite lignée de l’orientation graphique techniquement un peu grossière mais artistiquement plaisante, les environnements sont aussi variés : aux quatre coins de la Terre ou dans un château sur la Lune, l’aventure de Mondo Zappa profite de la particularité de chaque lieu pour mettre en avant son ambiance particulière. Les monstruosités peuplant les lieux ne se montrent cependant pas aussi généreuses en diversité ; en dehors de quelques boss intéressants à combattre et parfois très originaux, Killer is Dead peine à renouveler son bestiaire et on a vite l’impression de combattre encore et toujours les mêmes ennemis. Lorsque cela se trouve couplé à cette histoire pas intéressante et surtout cette orgie de cut-scenes pas intéressantes non plus et venant irrémédiablement casser le rythme, Killer is Dead perd de son attrait au fil des niveaux. Alors peut-être voit-on du coup sa faible durée de vie comme un mal pour un bien ? Il ne faut en effet guère plus de six heures, bla bla compris, pour voir le bout de l’aventure principale. On ressent alors une certaine amertume, un peu plus lorsque l’on est du genre à adorer les jeux de Suda 51 avant même d’y avoir joué (oui, j’adore déjà Lily Bergamo. Bah quoi, à part que c’est sur PS4 ?), et surtout parce que le titre avait le potentiel pour aller plus loin. C’est que quand le scénario daigne se pousser un peu pour nous laisser jouer, Killer is Dead propose une approche du beat’em all différente de ce que l’on a pu trouver avec Lollipop Chainsaw et No More Heroes. Sous ses airs de buton masher simpliste car assez pauvre en combos, il privilégie l’utilisation de l’esquive, de la garde et du contre qui va avec. Résultat, les combats sont extrêmement vifs, assez techniques lorsqu’il s’agit d’enchainer les just guard (se protéger d’une attaque à l’instant T), et les ennemis s’enchainent à grande vitesse.
Carton jaune aux armes du bras gauche par contre, se limitant à quatre actions (deux modes de tir, un ralentisseur d’ennemis et une foreuse) et mal fichues. Entendez par là qu’elles n’offrent aucune sensation et ne servent pas vraiment le gameplay. On reproche également un certain manque de lisibilité dû à la fois au placement de la caméra pas toujours optimal, à la profusion d’effets spéciaux en tous genres et petits objets à ramasser pour gonfler ses statistiques. Killer is Dead propose en effet un système d’évolution des caractéristiques de Mondo (puissance des attaques, santé, jauge de «sang» nécessaire à quelques coups spéciaux et au Musselback, nouvelles attaques) assez succin mais étalé sur l’ensemble de la partie. Une partie bien vite pliée donc, à moins que l’on se lance dans une des nombreuses activités annexes. Au sommaire du bon, on retrouve des défis (survie, combos, esquive, etc…) à débloquer en jouant à cache-cache au fil des niveaux avec Scarlett. Pour situer qui elle est disons que Link a sa fée, et Mondo son infirmière à dos de seringue. Egalement, on débloque après chaque mission principale terminée des missions secondaires nous invitant à revisiter les lieux avec des objectifs précis. L’intérêt est ici très aléatoire et n’incite pas toujours à continuer l’aventure au-delà de la fin de l’histoire. Et parce que le bon goût vient toujours à la fin, nous dirons des missions Gigolo que, passée la découverte des sous-vêtements de ces demoiselles de pixels et après s’être fait copieusement gaulé (Tortue Géniale dirait qu’il manque assurément quelque chose à ces lunettes), le mode n’a d’autre intérêt que de débloquer quelques objets.

4/10
Après tous ces titres farfelus imaginés par Suda 51 est donc venu Killer is Dead. Avec lui se présente un condensé de ce qui se fait de mieux et surtout de pas top chez Grasshopper Manufactures. Killer is Dead pêche par orgueil et avarice : parfois trop sérieux pour être crédible, il sabote ses atouts que sont une belle ambiance et un gameplay nerveux au profit d'un scénario barbant, envahissant dans une aventure bien vite pliée et plombée de petites imperfections. Les fans du créateur trouveront certainement une dose de bizarrerie qui à leur manière leur conviendra mais objectivement, Killer is Dead n'est ni un très bon jeu, ni un très bon Suda 51.

+

  • Gameplay rutilant
  • Ambiance intéressante...
  • La patte graphique

-

    • ... Mais narration pompeuse et ennuyeuse
    • Rythme très haché
    • Mode gigolo amusant trente secondes
    • Caméra perfectible et manque de lisibilité
    • Durée de la quête principale faiblarde