Jeux

Fable : The Journey

Action | Edité par Microsoft Studios

6/10
360 : 12 octobre 2012
15.11.2012 à 09h02 par - Rédacteur |Source : www.xbox-mag.net

Test : Fable : The Journey sur Xbox 360

Il était temps que Kinect accueille un grand nom de l'univers Xbox. Fable, saga qui porte si bien son nom pour de bonnes et de mauvaises raisons, se dote aujourd'hui d'une opportunité rêvée de voguer vers de nouveaux horizons. La liberté tant promise et qui semble aujourd'hui si lointaine peut-elle renaître des mains de Lionhead ? Aux commandes de Fable : The Journey, on a soudain une furieuse envie de prendre les développeurs au pied de la lettre, et se lancer dans quelque chose qui nous fasse voyager, loin de ces trop nombreuses désillusions made in Kinect. Ainsi commence notre histoire.

Dessine-moi un cheval

Elle débute pour nous dans notre petit nid douillet, confortablement installé dans un fauteuil. Fable : The Journey s’emploie à nous faire plaisir et à soulager les voisins du dessous, en n’autorisant que la position assise. Du début à la fin de l’aventure. En revanche, pour Gabriel et sa jument Serren, les choses sont un peu plus compliquées. La journée commence pourtant bien et notre héros qui ne sait pas encore qu’il l’est, est appelé par les siens pour prendre la route sous un beau soleil printanier. Gabriel a tout de même un peu de mal avec cette vie de nomade et à peine le convoi de carrioles rejoint, le voilà qui s’autorise une petite sieste, un roupillon qui va changer sa vie. A son réveil, il est complètement largué par le reste du convoi et la course folle entreprise pour les rattraper est vaine : le pont qui le sépare du reste de sa communauté est balayé par une étrange tempête. Il lui faut donc changer de route, et faire une rencontre avec une étrange non-voyante, bien connues des habitués de Fable… Ainsi débute ce voyage aux quatre coins de l’Albion, pour transformer un jeune rêveur en héros digne d’un Fable, pour contrer un mal qui une fois encore menace ces terres. Si l’histoire de Fable : The Journey ne propose pas vraiment de moments rocambolesques ou de grandes surprises, elle se révèle très agréable à suivre. Le scénario évite les longueurs et les redites, une certaine performance pour un jeu qui offre une belle durée de vie pour le genre. Une bonne grosse dizaine d’heures est nécessaire pour voir le bout de l’aventure, quelques autres pour peut-être refaire certains passages via le mode arcade et tenter la médaille d’or. Le titre de Lionhead peut également compter sur ses personnages pour rendre le voyage accrocheur. Certes, le comportement de Gabriel est pour l’essentiel une caricature du jeune homme poltron et paresseux qui veut seulement rester dans son monde ; mais sa relation avec sa jugement, les innombrables discussions avec Théresa le long du chemin, sa lente évolution vers le statut de héros en font un personnage attachant. Les doublages en français sont agréables et collent bien à chaque personnalité.



Toujours est-il qu’au-delà de son gameplay, Fable : The Journey est véritablement différent de ses paires. C’est une aventure qui tourne essentiellement autour du trio Gabriel-Théresa-Serren. Ils font bien quelques rencontres, parfois burlesques, mais cet épisode est surtout empreint d’un certain sentiment de solitude, d’une noirceur – toutes proportions gardées puisque l’on parle de Fable – qui contraste avec les décors bucoliques parfois traversés. Et encore, ils cachent difficilement le mal qui ronge l’Albion. D’un point de vue technique, le soft de Lionhead est agréablement surprenant pour une production 100% Kinect. Les textures sont certes un peu grossières et les effets spéciaux manquent d’éclat, mais le design fait mouche. Les environnements traversés sont aussi nombreux que réussis et offrent une grande diversité. D’un village typique de Fable à une sombre forêt, en passant par des plaines verdoyantes ou un ancien temple, on évolue dans un univers visuellement riche qui s’emploie à renouveler fréquemment le plaisir de la découverte. On se surprend même à ne pas trop faire galoper son canasson pour profiter de quelques points de vue splendides. On peut tout de même reprocher un bestiaire assez limité, dans lequel les hobbes trustent le haut du tableau, aux côtés de quelques autres ennemis connus et une poignée de boss. C’est un peu faible. Mais bon, quand tout cet univers se trouve porté par une bande-son bien inspirée, à l’image de ce que proposaient les anciens opus de la saga, on peut dire que Fable : The Journey porte bien son nom. Enfin, si tant est que les commandes fonctionnent parce que bon, c’est un jeu Kinect et ne nous mentons pas, ce n’est pas le genre de mention qui inspire la confiance. Surtout lorsque l’on nous annonçait que Fable : The Journey n’était pas un jeu de tir sur rails. Faut assurer. Nous aurait-on menti à l’insu de notre plein gré ?

L’homme qui insultait à l’oreille des chevaux

La grande aventure de Fable : The Journey peut être scindée en deux façons de l’approcher, distinctes mais d’égale importance. Il ne s’agit pas de la police et du procureur mais des phases de jeu que l’on peut qualifier de calmes où l’on contrôle le cheval, et des moments plus animés où il faut combattre des hordes d’ennemis en colère. La première est assurément la plus originale, et la plus réussie. Bien assis donc, on tient les rennes virtuelles de notre carriole. En les claquant comme on le ferait en vrai, on passe au petit trot, puis encore une fois pour atteindre la vitesse de croisière idéale. A l’occasion, un claquement supplémentaire permet de partir quelques secondes au galop (à utiliser avec modération). Pour tourner, il suffit de tirer son bras vers soi et l’autre dans la direction opposée, en prenant soin de doser l’angle. Lors d’un arrêt pour permettre à tout le monde de prendre du repos, on peut brosser son cheval ou éventuellement le soigner, cueillir une pomme pour lui donner ou remplir un abreuvoir en tournant une manivelle. Tout cela est simple, demande seulement quelques minutes pour s’y adapter et la reconnaissance de mouvement se montre plutôt convaincante. Les routes présentent parfois quelques dangers à éviter ou des points d’expérience à récupérer à une vitesse donnée (trot ou galop) et il n’y a pas grand chose à redire, impossible de blâmer Kinect en cas d’échec. Il n’est pas non plus de bon aloi de s’en prendre à la difficulté du jeu qui, pour ainsi dire, n’existe pas. C’est la parti-pris du soft, on pourrait avoir envie de critiquer ce choix au nom du besoin de challenge (il y a malgré tout le mode arcade et son scoring pour compenser). Cette idée, on pourrait l’avoir avant d’avoir vraiment plongé ses mains dans le cambouis et combattu les vilains parce que du coup, on se dit qu’heureusement Fable : The Journey est facile.



Pour des raisons que vous découvrirez au gré de vos pérégrinations, Gabriel se voit offrir des gantelets magiques lui octroyant de plus en plus de pouvoirs. La main droite concentre ce qu’il faut pour botter le derrière de quelques hobbes, tandis que la gauche permet de contrôler les êtres et choses à distance, tel un Dark Vador de mauvais poil. A priori, il suffit de viser et pousser son bras vers l’avant pour lancer le sort ; plus tard, il est demandé de faire un petit geste supplémentaire ou utiliser les commandes vocales pour activer un sort différent sur une même main. L’ennui c’est qu’en pratique, rien ne fonctionne comme il faut. Neuf fois sur dix, le projectile semble prendre un malin plaisir à éviter sa cible, et pas qu’un peu. On a beau s’appliquer, les trajectoires sont parfois totalement improbables, en dépit de la possibilité de rabattre le tir. Du coup, on perd du temps, l’ennemi se rapproche et quand le contre décide lui aussi de déserter (c’est plus rare mais ça arrive), Gabriel prend des coups. Heureusement, comme dit précédemment, que Fable : The Journey est un titre facile ! Egalement, utiliser ses points d’expérience pour être plus résistant ou plus destructeur n’est pas de trop (à noter que l’or glané dans Fable Heroes peut être mis à contribution). Ca évite de mourir trop souvent, c’est même rare, mais le soft est dès lors terriblement frustrant et probablement ennuyeux sur le dernier quart pour les joueurs les moins réceptifs aux plaisirs offerts par la balade à cheval. Car quoi qu’on ait pu nous dire, Fable : The Journey est pour plus de la moitié du temps un shooter sur rails, avec la possibilité de choisir son placement en s’inclinant à gauche ou à droite, mais donc sujet à la linéarité du genre et au fait que le plaisir de jouer repose quand même sur notre capacité à abattre des cibles. Les quelques petites énigmes proposées ici et là, sujettes elles-aussi aux mêmes soucis de précision, contribuent également à plomber ces phases d’action. Avec cette reconnaissance qui fait passer le médiocre Blackwater pour un maître du genre, ce Fable sabote le joli travail effectué sur tout le reste du jeu. Il aurait pu être excellent mais en l’état Fable : The Journey s’arrête au stade d’expérience intéressante pour qui est très patient avec le mauvais pour profiter du bon.

Fable : The Journey est autant un titre très plaisant qu'une chose inqualifiable tant elle peut frustrer. Sans l'ombre d'un doute, le jeu de Lionhead réussit le pari de nous faire voyager en offrant une aventure longue, belle et qui s'emploie et parvient en partie à donner du sens à l'utilisation exclusive de Kinect. Du coup, il est d'autant plus rageant de devoir composer avec une reconnaissance de mouvement durant les combats qui frise le ridicule pour un titre de cette envergure. Dommage, parce qu'avec la même chose en plus aboutie, couplée à ces balades à cheval si agréables, Fable : The Journey aurait pu prétendre au titre d'incontournable Kinect. En l'état, il est à conseillé à ceux qui privilégient le plaisir de la découverte à celui du shooting pur et dur. Dans le dernier cas, une réflexion avant achat s'impose.

+

  • Bande-son au poil
  • Les passages à cheval
  • Bonne durée de vie
  • Univers enchanteur

-

    • Reconnaissance archi bancale durant les combats...
    • ... Qui représentent une bonne moitié du jeu !
    • Devient un peu répétitif à la longue
    • Bestiaire limité

Fiche succès

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