Jeux

Pro Evolution Soccer 2012

Sport | Edité par Konami

6/10
360 : 29 septembre 2011
02.11.2011 à 16h38 par - Rédacteur |Source : http://xbox-mag.net/

Test : Pro Evolution Soccer 2012 sur Xbox 360

Saison après saison, PES tente de refaire le retard abyssal pris sur un FIFA qui a mieux anticipé l’arrivée des consoles de dernière génération. Maintenu la tête sous l’eau par une concurrence en état de grâce et des errances philosophiques compréhensibles, Konami tente de réagir par tous les moyens - et ce quitte à se renier d’une année sur l’autre. Pro Evolution Soccer mange son pain noir depuis longtemps déjà : est-il enfin rassasié ?
Tableau noir

Pour de nombreux joueurs, confirmés ou pas, PES 2012 s’ouvrira sur un tutoriel doublé d’un mode entrainement plutôt bien conçus. Parfois trop chiches en informations réellement utiles, ces épreuves permettent d’identifier efficacement les changements et de tenter une mise à niveau moins frustrante que si l’on s’était jeté dans un match contre une IA qui maîtrise beaucoup trop bien son sujet pour être honnête. Bouleversée par rapport à l’an dernier, la défense s’installe d’emblée dans l’œil du cyclone : si les latéraux se montrent moins neuneus que chez la concurrence, la rigueur défensive, la gestion des intervalles et le duel pur et dur promettent de faire pleurer de rage le plus calme des ascètes. Là où l’ordinateur vous oppose une maille resserrée tricotée par un ingénieur est-allemand, on se retrouve le plus souvent avec quatre, cinq ou six cerveaux lents se déplaçant sans cohésion, taclant sans hargne et laissant filer le plus engourdi des attaquants. L’intervention directe rigoureusement déconseillée, on préfèrera jouer du recul frein en serrant les fesses tout en envoyant un équipier (tenter de) faire le sale boulot. Une fois en possession de la gonfle, le dilemme est tout autre.



Agréablement surpris par un système de passes aussi réactif qu’absolument ridicule en termes de réalisme physique, on tente et réussit le plus souvent à élaborer de jolies circulations de balle à coups de transmissions supersoniques. L’IA alliée, prompte à se démarquer et/ou à quitter sa zone de confort, encourage et facilite un jeu de possession franchement réjouissant. Le hic, c’est que tout ceci s’arrête avec la dernière passe, celle pour un attaquant qui ne bénéficie apparemment pas de la même liberté de penser. Du coup, deux solutions s’offrent à vous. La première, s’offrir un deuxième cerveau et utiliser le stick droit pour choisir un joueur, lui faire faire un appel et lui faire la passe dans le trou en espérant que personne n’ait décidé de défendre entre temps.

Parfois fonctionnelle, souvent impraticable, cette option évoque le Off the Ball de FIFA 2004, rappelle à quel point l’idée était mauvaise et confirme qu’il aurait été bien plus simple et appréciable d’emprunter le système d’appels du FIFA actuel. On préfèrera donc la seconde solution, à savoir confier le cuir à son meilleur dribbleur, tenter d’abuser la défense et finir par un débordement éclair ou un tir crasseux. Les gardiens étant toujours ce qu’ils sont, c’est-à-dire des passoires sans phalanges ni quadriceps, ça paiera plus souvent qu’un mouvement collectif ultra léché. Malheureusement. Ceci étant dit, les sensations balle au pied restent plutôt positives : s’il ne faut pas voir en PES 2012 un concurrent sérieux à la simulation totale telle qu’elle est pratiquée ailleurs, on se trouve tout de même face à un jeu de foot entraînant et efficace, à condition d’en accepter les limites et partis pris. Quand on se souvient du chantier d’il y a deux trois ans et même des grosses lourdeurs de l’année dernière, c’est déjà beaucoup.


Scène de crime

Côté contenu, le PES nouveau souffle le chaud et le froid dans chaque compartiment du jeu. Pour une licence Champion’s League qui donne des frissons avec sa musique et ses menus officiels, on retombe vite face à l’absence toujours aussi préjudiciable d’équipes et maillots pourtant qualifiés. Pour une Ligue des Masters qui marche toujours aussi bien sur la longueur et tente de jolies percées gestionnaires, il faut se fader d’innombrables temps morts pas forcément intéressants. Gérer les états d’âme, supporter les causeries d’un adjoint bavard, les suppliques absurdes du président du club, voilà qui fatigue dès la première saison tant l’impact sur le long terme paraît peu évident. On comprend, en subissant les assauts cinématiques incessants de nos joueurs et collaborateurs, l’intérêt d’un Football Manager en mode lignes de texte…

On reprochera le même rythme aléatoire aux matchs, les parties étant constamment interrompues par des cutscenes – avec un arbitre qui siffle pour un oui ou pour un non, rien d’étonnant – et autres replays complètement dispensables que l’on rêve de pouvoir désactiver, en vain. Mélange de réussites et de revers plus ou moins remarquables, la réalisation globale tient le choc dans le détail, mais ne parvient pas à donner une ambiance réellement convaincante aux retransmissions. Des animations détaillées mais qui s’enchainent trop sèchement, des commentaires agréables qui masquent mal un stade qui sonne creux, une physique de balle qui change du tout au tout selon les situations… Voilà qui ne participe pas à la cohérence du titre !


Incroyablement plus agréable à pratiquer que son prédécesseur, PES 2012 donne enfin de quoi s’amuser – vraiment – aux indécrottables fans de la série, à ceux qui ont toléré les ignominies récentes. Remerciés de leurs efforts, ces joueurs-là ont enfin de quoi supporter les commentaires désobligeants des joueurs d’en face. Ceci étant dit, Konami reste loin du compte en termes de simulation, d’ambiance et de contenu, il faut être réaliste. Malgré un nombre de modes tout à fait satisfaisant et un code réseau qui tient enfin la route (sans faire d’étincelles), PES reste empêtré dans les stéréotypes, tant sur le terrain qu’en dehors. Et s’il est toujours possible d’espérer de nouvelles améliorations dans le futur, on voit mal cette version du moteur maison faire des miracles avec ses collisions boiteuses et ses gardiens aux fraises. Du coup, on voit mal un joueur de FIFA craquer pour le titre de Seabass, même si l’écart entre les deux productions ne grandit pas. Pour qu’il commence à rétrécir, il faudra sans doute attendre un vrai ravalement de façade, et donc (on l’imagine) une nouvelle technologie que les développeurs nippons auront vu venir, on l’espère.

http://www.dailymotion.com/video/xkl2bc

A l’instar de FIFA lorsqu’il était au fond du gouffre, PES tente le tout pour le tout en mettant en avant des features pas forcément judicieuses, ni fonctionnelles. En attendant une véritable hausse de son niveau de jeu, on se satisfera d’un football redevenu praticable malgré d’évidents déséquilibres. Il reste du chemin et Konami ne verra probablement pas le bout du tunnel sur cette génération de console, mais le travail paie et aboutit à la création d’un jeu que l’on peut conseiller aux détracteurs de FIFA sans rougir. C’est déjà beaucoup.

+

  • Jeu plus fluide et rapide
  • Des idées à creuser, à alléger
  • Contenu solo et multi

-

    • Ambiance et mise en scène
    • Complètement déséquilibré
    • Statistiques et licences…
    • Un football stéréotypé
    • Prise en main délicate