Jeux

Forza Motorsport 4

Course | Edité par Microsoft Studios | Développé par Turn10

10/10
360 : 14 octobre 2011
15.10.2011 à 17h29 par - Rédacteur |Source : http://xbox-mag.net

Test : Forza Motorsport 4 sur Xbox 360

Forza Motorsport n'avait pas vraiment besoin de ça. L'une des exclusivités fortes de la Xbox 360 aurait pu se passer d'un quatrième épisode sans que cela n’entache son statut de maitre de sa discipline. Mais si gagner une course est ce qui importe avant tout, faire valoir ses qualités et asséner le coup de grâce à ses poursuivants rend la victoire encore plus belle. Mais comment peut-on encore faire vibrer un public qui a pris pour habitude de voir son favori enchainer les tours sans accrocs ? Un pilote sûr de lui, une équipe au taquet et des ingénieurs fidèles pour peaufiner les mécaniques : une recette à toutes épreuves.

Forza al canut !

Si nous sommes nombreux à avoir vanté les qualités de la franchise dès ses débuts sur la première Xbox, aurions-nous pour autant imaginé attendre Forza Motorsport 4 comme la référence du sport automobile sur consoles ? Quatre épisodes, dont trois sur cette bonne vieille Xbox 360, autant dire qu’il faut savoir faire preuve de réalisme pour surprendre. Sans être parfait, le troisième épisode avait placé la barre très haut, il y a deux ans déjà. Une fois de plus, on peut compter sur les américains de Turn10 pour conserver les rennes du développement et continuer leur œuvre. Et si l’on n’attend pas une révolution pour la franchise, la dame blanche accusant son âge, on est curieux de voir comment se comporte l’écurie dans une configuration toute nouvelle. C’est à dire avec un concurrent sérieux en face. Et oui, depuis l’an dernier, nos amis joueurs sur Playstation 3 se tirent la bourre sur Gran Turismo 5 et si nous ne sommes pas directement concernés par cette sortie, cette apparition a créé sans nul doute une petite hausse d’exigence du côté des joueurs Xbox 360. Sortons donc des stands et passons la première pour entrer directement dans le vif du sujet, de la même manière que se lance Forza Motorsport 4. Ce premier tour de piste dans le froid des Alpes permet d’apprécier ce qui se confirmera tout au long du jeu : c’est beau, très beau.



Le troisième épisode avait su se montrer convaincant sur cet aspect. Ici, l’accent a été mis sur les détails pour sublimer l’expérience. Comme cela était apparu au fil des présentations du titre de Turn10, on se retrouve face à des décors où les éléments se mêlent avec plus de cohésion. La séparation entre le tracé et les superbes arrières-plans est désormais plus douce, les effets de lumière sont saisissants et tout ce qui vient enrober le tracé a bénéficié de beaucoup de soin (on note cependant un scintillement plus ou moins prononcé sur certains éléments). Du côté des véhicules, on prend également beaucoup de plaisir à voir ces courbes honorées comme il se doit, même si on aura l’impression de voir une jolie bouche qui a abusé du gloss. Du coup, il manque ce petit quelque chose qui fait que la voiture est assez bien intégrée à l’environnement de course mais on n’atteint pas la superposition parfaite espérée. Dans l’habitacle, la modélisation est très soignée et on regrettera seulement l’absence de mouvements de mains du pilote sur un bolide équipé de vitesses au volant. Mais quoi qu’il en soit, la qualité technique de ce Forza Motorsport 4 est de haute volée et termine de séduire en affichant un framerate de soixante images par seconde, à la stabilité exemplaire. Ajoutez à cela des sonorités tout bonnement grisantes, de véritables mélodies en piston majeur (en opposition avec des musiques à couper purement et simplement) et la prise de contact avec la partie technique du soft se révèle de toute beauté. Sans créer de gouffre avec l’épisode précédent, la licence de Turn10 s’est employée à peaufiner son allure pour en mettre plein les yeux. Mais pas que.

Le pouvoir de la force

Sous le capot, on retrouve environ cinq-cent voitures, pour souvent plus de chevaux. La tradition demeure et des classes F aux S, sportives de légende côtoient les superstars d’aujourd’hui et quelques jeunes chipies qui espèrent se faire une place au soleil. Difficile de dresser une liste, mais on retiendra surtout et avec tristesse l’absence totale des déesses allemandes de chez Porsche. Du côté des circuits, on baptisera d’une trainée de gomme l’Hockenheimring, les tracéssinueux des Alpes suisses ou encore le Top Gear Track pour faire dans la nouveauté ; pour le home sweet home, on retrouvera les immanquables circuits du Mugello, de Laguna Seca ou le Nürburgring. On enregistre cependant quelques disparition, notamment le circuit Bugatti, pour parvenir à un total de vingt-cinq environnements, chacun se déclinant en plusieurs versions. Si certains tracés pourront se vivre à différents moments de la journée, on observe, sans surprise mais avec quelques regrets, que la nuit n’est toujours pas tombée sur Forza Motorsport et que la météo est trop belle pour être vraie. On connait l’adage, à base de beurre et de crémière, mais il est néanmoins regrettable d’être toujours en train d’attendre ce que nous espérions déjà voir arriver avec le troisième opus. Jetons alors un oeil sur la boite à outils, histoire de voir ce qu’il est possible de faire avec qui nous est donné. En solo comme en multijoueur, il y a de quoi s’occuper. Les traditionnels carrières, courses rapides et time attack sont de la partie pour le pilote solitaire et s’agrémentent de quelques nouveautés bienvenues.



Les bons résultats augmentent l’expérience, les championnats de plus en plus longs défilent, la fidélité à une marque crée des rapports privilégiés quand il s’agit de passer à la caisse. Classique. Bien plus intéressant, libérateur pour celles et ceux qui considèrent les débuts de ce genre de jeux comme longs et fastidieux, ce n’est plus au joueur de s’adapter au jeu mais le contraire. Ainsi – dans une certaine limite – il n’est pas nécessaire de posséder obligatoirement tel véhicule pour passer telle manche et avancer dans le mode carrière. Au volant d’une Fiesta, on pourra participer à une épreuve de catégorie E ; en changeant pour la M5, la transformation s’opère et une épreuve de catégorie B apparaitra. En ajoutant à cela plusieurs choix possibles par manche (qu’il sera possible de rejouer par la suite), on est certain de profiter un maximum de notre véhicule de prédilection. Et pour finir de griller les étapes, importer sa sauvegarde de Forza Motorsport 3 permettra d’accroitre cette avance en fonction du taux d’avancement précédemment obtenu. Certes, cela va à l’encontre du réalisme et de la progression par le dur labeur (d’autant qu’il n’est pas nécessaire de gagner pour avancer) mais cette souplesse permet à tout un chacun d’appréhender le mode carrière et de se prendre plus facilement au jeu. Et comme toujours, entre la progression obligatoire et toutes les épreuves à reprendre par la suite, Forza Motorsport 4 offre des dizaines d’heures de jeu en solo.

Hail to the King

Pour s’occuper l’esprit et surtout les yeux entre deux courses, Forza Motorsport 4 introduit le mode Autovista. Ici, on sélectionne une voiture que l’on passe au peigne fin pour en découvrir les spécificités. Des commentaires audio en français accompagnent chaque point d’intérêt, à l’exception d’un seul qui laisse la parole à Jeremy Clarkson de Top Gear pour un descriptif teinté d’un humour bienvenu. Globalement, si l’idée est bonne, cet Autovista peine à convaincre. D’abord parce qu’il n’est possible de disséquer qu’une toute petite partie des véhicules disponibles dans le jeu, à débloquer en relevant un défi pour la plupart. Et puis on se dit, nous qui ne sommes pas seulement amateurs de courses mais aussi et surtout de voitures, que les descriptifs auraient pu être un peu plus exhaustifs. L’Autovista, c’est aussi une des parties du jeu qui accueille un nouveau larron : Kinect. Pour le coup, la caméra à reconnaissance de mouvement permet d’effectuer chaque action autour du véhicule sans manette ; sensée rendre la chose plus immersive, cette fonction peine à intéresser plus de cinq minutes en dépit d’une reconnaissance satisfaisante. Puisque l’on évoque Kinect, voyons ce qu’il amène d’autre. Du très bon, avec le contrôle vocal dans les menus qui réussit à apporter ce que l’on attendait de lui, à savoir rendre la navigation plus souple. Par exemple, alors que l’on est perdu dans les méandres des courses libres, dire "xbox" ouvre un sous-menu dans lequel apparaissent quelques mots clés comme "carrière" pour rejoindre le mode en question. Pratique, rapide, ce petit ajout est très appréciable. Par opposition, quand Kinect tente de s’incruster sur la piste, le résultat est bien moins intéressant. En mode libre, on peut comme prévu "piloter" sans rien dans les mains. Il n’y a qu’à tourner le volant qui n’existe pas, tout le reste étant géré automatiquement et si encore une fois la reconnaissance est bonne, l’intérêt est proche du néant, à plus forte raison dans un jeu comme Forza Motorsport où l’intérêt réside précisément dans notre capacité à tout contrôler avec efficacité. Et sur ce point, avec quelque chose dans les mains c’est du pur bonheur.



La qualité graphique et l’animation au poil permettent déjà au soft d’être efficace sur la sensation de vitesse. Au volant d’une Bugatti Veyron par exemple, si possible dans le cokpit, on prend un plaisir énorme. Mais tout cela ne serait rien sans un gameplay aux petits oignons. Le passif de la série avait de quoi rassurer et avec ce quatrième épisode, on garde les acquis et on y ajoute ce qu’il faut pour décupler les sensations. La retranscription des transferts de masse, de l’effet de grip poussent le gameplay vers une approche plus nerveuse ; le soft donne les clés au joueur pour qu’avec de la pratique rien ne soit laissé au hasard. On ne se bat pas contre son véhicule, on prend plaisir à le dompter. Avec Kinect, encore lui, on pourra expérimenter un head tracking qui part d’une bonne intention mais se révèle très gadget et sujet à quelques saccades malvenues. Dommage. Dans les options, on pourra toujours compter sur la panoplie de réglages classiques, à réserver aux connaisseurs, pour sublimer cette expérience. Dans les options de base, on retrouve les assistances classiques à activer ou non, celles-ci déterminant la difficulté du titre. A noter qu’en mode carrière il n’est pas possible de régler le niveau d’une intelligence artificielle qui posera plus de problèmes par son agressivité que par ses capacités à gagner une course. Cela dit, on pourra en profiter pour apprécier une modélisation des dégâts très soignée et correctement localisés.

Du coup, on préfèrera peut-être s’attaquer aux choses sérieuses en ligne, en achetant peut-être un véhicule dans la traditionnelle salle des ventes avant d’affronter quinze autres joueurs. On retrouve de nombreux modes de jeu (courses classiques, élimination, par étapes, etc… et plus folkloriques comme le football), mais c’est sur l’aspect jeu en communauté qu’à été mis l’accent. Créer et rejoindre un club, y partager ses voitures, faire tomber les temps de ses amis pour augmenter ses gains ou être informé des nouveautés qui entourent le titre. Forza Motorsport 4 ne pouvait y échapper et l’ensemble est assez bien amené, mais rendons à César ce qui lui appartient en avouant un petit penchant pour l’Autolog de Shift 2 en ce qui concerne les défis chronométrés entre amis, lequel se fond parfaitement dans la partie solo et participe plus activement à l’expérience. Et oui, il faut bien chipoter un peu. Car s’il se permet encore quelques entorses au réalisme (on n’est pas beaucoup pénalisé en cas de mauvaise conduite), Forza Motorsport 4 remplit son contrat. On pourra dire qu’il est encore loin de la précision de certaines productions PC, même s’il reste très exigeant en ôtant les assistances, mais est-ce vraiment sa vocation ? Forza Motorsport 4 fera vibrer l’amateur de courses tant il se montre généreux en sensations, et plus simplement le passionné des quatre roues. Celui qui aime regarder ces courbes gracieuses, écouter le doux ronronnement d’un V12, prendre en main une déesse pour quelques minutes au septième ciel… Alors c’est du jeu vidéo, si des fois vous en doutiez c’est pour de faux. Mais qu’est-ce que c’est bon.

Les studios Turn10 auraient-ils pu créer quelque chose de plus efficace avec Forza Motorsport 4 ? Si l'on considère l'absence de courses de nuit ou dans différentes conditions météorologiques comme un manquement à nos espoirs, alors oui, il aurait été possible de faire mieux. Et ça s'arrête là. Forza Motorsport 4 donne à l'amoureux de belles carrosseries, à l'addict de vitesse et de maitrise l'expérience la plus aboutie sur Xbox 360, probablement toutes consoles confondues. On prend une voiture qui a fait ses preuves, on y ajoute des petites pièces, on en modifie légèrement quelques autres. Les quelques dixièmes accumulés ici et là, additionnés en fin de courses, creusent un écart plus important que l'on aurait imaginé : c'est là que se différencient excellence et maestria.

+

  • Framerate implacable
  • En solo comme en ligne, il y a de quoi à faire
  • Réalisation superbe
  • Le bruit des moteurs, une vraie symphonie
  • Plaisir de conduite excellent

-

    • Les fonctions Kinect manquent le coche pour la plupart
    • Toujours pas de pluie ou de courses de nuit