Jeux

Burnout Paradise

Course | Edité par Electronic Arts

8/10
360 : 24 janvier 2008
28.01.2008 à 01h03 par |Source : http://xbox-mag.net/

Test : Burnout Paradise sur Xbox 360

La série des Burnout est une des rares sagas du monde du jeu vidéo à avoir su se bonifier presque à chacun de ses épisodes, depuis le premier, sorti en 2002, jusqu’à la super-prod Revenge, jeu totalement abouti paru il y a deux ans. Le risque était désormais de tourner en rond, et c’est pourquoi les développeurs britanniques de Criterion ont décidé de voir encore plus grand. Voici donc Paradise, premier opus à céder à la grande mode du terrain de jeu ouvert. D’autres ont déjà exploité l’idée avant lui (Need for Speed, Midnight Club, Test Drive Unlimited), mais ce n’étaient pas des Burnout, là est toute la différence. Passage en revue de la première grosse sortie de 2008.

Paradise City. Des dizaines et des dizaines de rues, avenues, raccourcis à découvrir, de courses à gagner, de défis à relever. Criterion a choisi, avec son nouveau Burnout, de couper les ponts avec ce qu’on pourrait appeler la génération précédente, même si Revenge a connu une adaptation sur 360, période de transition oblige. Auparavant cantonné à des pistes fermées, Burnout prend, en quelque sorte, son envol Next-Gen, en dynamitant toutes ses barrières. Le procédé n’est pas sans risque : comme Icare l’a démontré, à vouloir voler librement, il arrive qu’on aille trop haut et qu’on se brûle un peu le plumage. Ce constat vaut pour la mythologie, mais aussi, dans une certaine mesure, pour Burnout Paradise.

Le choix de game design audacieux fait par Criterion, Paradise l’assume totalement. A commencer par l’aspect technique, parfaitement maîtrisé. Ne serait-ce que visuellement, le jeu étonne par un graphisme très propre, sublimé par un filtrage de l’image idéal. Compte tenu du fait qu’une ville entière est modélisée, la qualité des environnements est en tout point remarquable. D’autant plus que Paradise ne rame absolument pas, alors même qu’il doit gérer plusieurs véhicules à la fois, qu’ils soient passifs (circulation) ou actifs (adversaires). Il existe toutefois un bémol à cette belle partition : on ne retrouve jamais les rues bouchonnées qui nous étaient parfois servies par la série dans le passé. Que ce soit en raison de contraintes techniques ou par simple choix, la conséquence est immédiatement visible, même s’il est vrai que l’IA de nos amies les chicanes mobiles est beaucoup moins scriptée qu’aux débuts de Burnout.

10 sur 10 au contrôle technique

Ce qui a rendu célèbre la saga de Criterion, ce sont les incroyables sensations de vitesse qu’elle procure ainsi que son côté simulateur de crash ultra-réaliste. Là non plus, Paradise ne déçoit pas. La conduite est définitivement grisante, servie par une fluidité parfaite. Elle se montre pourtant plus posée, moins furieuse que celle de Revenge ou de Takedown. On retrouve une technicité qu’avaient un peu mis de côté les deux derniers Burnout, au profit d’un fun total et immédiat. Cela se ressent dans la direction des véhicules, plus ferme, mais aussi dans la sensibilité des crashs et dans un boost moins explosif. Si on devait faire une comparaison de comptoir, on pourrait presque plus rapprocher Paradise de Point of Impact, le second épisode de la série. Ceci dit, il serait plus exact de le considérer comme un ajustement, un bon compromis qui sied davantage au terrain de jeu proposé.

Avant de s’égarer, on parlait de crashs, et effectivement, Burnout Paradise est sans aucun doute le jeu qui gère le mieux ce compartiment technique, souvent source de cauchemars chez les développeurs les plus chevronnés. Bon, d’accord, il y a moins de véhicules à gérer que dans les grandes simulations du type Forza ou Gran Turismo (un peu plus de 70 tout de même), mais ces derniers disposent d’une physique impeccable. Au moindre choc, les tonneaux, vrilles et envols gracieux s’enchaînent. Ce n’est pas tout, puisque les véhicules se démembrent et se déforment d’une façon tout à fait bluffante, éjectant des bouts de carlingue et de verre dans tous les sens, se réduisant parfois à l’état d’amas de métaux compressés que César Baldaccini n’aurait pas reniés. C’est un vrai bonheur d’assister à ces séquences de destruction, d’autant que l’absence (volontaire, il n’y a pas l’ombre d’un doute là-dessus) de pilotes dans les voitures évite tout débat potentiel sur leur violence, rendue esthétique, presque artistique. Dans ce contexte, difficile de ne pas regretter de voir le mode Crash remplacé par le Showtime, une sorte de jeu de rebonds pas réaliste pour un sou et surtout beaucoup moins amusant en définitive.

Via Miches(lin) dans Burnes(out)

On prend un plaisir non dissimulé à conduire dans Burnout Paradise, au rythme d’une bande-son sympa (malgré les piaillements de DJ Diabolika) et d’un cadre de Sun Belt étasunienne, plage d’un côté, montagnes de l’autre. Mais on a beau être au paradis, la réalité peut, parfois, revenir au galop et mettre une bonne ruade dans la figure. Ici, c’est l’organisation des courses qui pèche. Non pas qu’il n’y en ait pas assez, c’est même l’inverse. Avec 120 épreuves disséminées dans la ville et divisées en catégories (courses classiques, épreuves à points, concours de takedowns, survie), plus des contre-la-montre et showtime à enclencher sur chaque route du jeu (!), Paradise offre une durée de vie solo très confortable. C’est l’absence de réel fil conducteur dans la progression qui est plus gênante. Confronté à l’immensité de Paradise City, on ne sait parfois plus très bien où aller face à tant d’abondance, et à part la DJ faussement cool dont on parlait plus haut, rien ni personne n’est là pour soutenir un joueur un peu désorienté.

Désorienté, on l’est aussi durant les courses, consistant à se rendre d’un point A à un point B (il n’existe que huit points d’arrivée sur la carte) le plus rapidement possible. En effet, le jeu se heurte à un important problème lié à la navigation. Un itinéraire, pas toujours le plus rapide, est suggéré au joueur lorsque celui-ci s’approche des bonnes intersections. C’est trop peu lisible, du moins pour celui qui ne connaît pas la ville comme sa poche. Et vu la superficie, se graver un plan dans le cerveau demande du temps. Il y a bien une mini-carte, mais elle s’avère mal pensée, puisque fixe (elle ne pivote pas en fonction de la direction qu’on prend), et logiquement trop petite pour permettre de vraiment se reposer sur ses indications.

Ces aides qui n’aident qu’à moitié illustrent en fait une des contradictions majeures de Paradise : le concept de liberté totale ne se marie pas si bien que ça avec le gameplay à la Burnout, à base de boost et de vitesses vertigineuses. Terriblement rapides, les courses ne laissent que quelques fractions de secondes pour consulter les repères géographiques proposés. Et même s’ils sont placés, en principe, de façon à ce que le joueur puisse les consulter rapidement, l’attention de ce dernier, elle, n’en reste pas moins humaine. On doit donc sans arrêt se déconnecter (mentalement s’entend) soit de la course pour vérifier qu’on va dans la bonne direction, soit de la navigation pour éviter la circulation ou mettre un adversaire au tapis. Cela engendre bien entendu un nombre conséquent de crashs et/ou d’erreurs de trajets, souvent synonymes de défaite face à une IA adverse pas super agressive mais plutôt bonne en orientation. D’autant plus qu’il est impossible de recommencer une course déjà entamée sans se rendre soi-même au point de départ, un choix curieux de la part de Criterion qui accentue la grogne lorsqu’on a le malheur de prendre le mauvais embranchement. Tout va un peu trop vite, et l’on peut d’ores et déjà prédire de gros pétages de plombs chez les personnes incapables de lire une carte ou chez ceux qui se contentaient de foncer tout droit sans réfléchir dans les précédents Burnout. Paradise est en réalité beaucoup plus technique, car il oblige à connaître raccourcis et petites astuces qui pullulent à chaque coin de rue, il force à combiner maîtrise de pilotage et capacité à réagir à la limite du réflexe en permanence. L’accessibilité du soft en prend un coup.

Quand il y en a pour un…

L’intérêt potentiel de Paradise reposait aussi sur la capacité de Criterion à rendre sa cité, Paradise City, suffisamment grande et variée. De ce côté c’est plutôt réussi, on sent que chaque région de la ville a bénéficié d’un soin de conception particulier. En tant qu’européens chauvins, on pourra toutefois regretter le côté très américain du centre-ville, qui ne dégage pas énormément de personnalité.

Mais ce qui étonne aussi, c’est la qualité et l’aisance avec lesquelles ce monde solo se transforme en salon multijoueur. D’une simple pression de bouton, Paradise City accueille en un clin d’œil sept autres participants pour s’affronter sur des tracés prédéfinis ou personnalisés sur le Xbox Live, ou même réaliser de petits défis communs. C’est clairement une belle réussite, et l’utilisation intelligente (enfin !) de la caméra Live Vision, capturant le visage des adversaires dans certaines situations, ne gâche rien. Seule ombre au tableau : à côté de ce multi en ligne séduisant, pas de trace de parties sur une même console. Un tel mode est pourtant tout désigné pour un jeu du style de Burnout, mais la « révolution » est sans doute à ce prix.

Un long test nécessaire pour un jeu qui fait évoluer considérablement une des séries de course les plus appréciées de ces dernières années. Burnout Paradise est indéniablement bien conçu, doté d’un gameplay plaisant et intègre parfaitement le online dans sa panoplie. Ceci étant, l’aspect très ouvert du soft fait apparaître de nouveaux problèmes auxquels la série n’avait encore jamais été confrontée. Des impairs qui pourraient déplaire, notamment aux fans des derniers épisodes en date. Mais Criterion a au moins eu le culot de tenter l’expérience, et avec une franche réussite.

+

  • Conduite très agréable
  • Utilisation de la Live Vision
  • La vitesse, les crashs
  • Intégration et qualité du multijoueur
  • Nouveau concept audacieux
  • Techniquement irréprochable
  • Des épreuves à ne plus savoir qu’en faire

-

    • Trafic parfois trop léger
    • Rendez-nous notre mode Crash !
    • Absence de multi en local
    • Pas vraiment de fil conducteur pour motiver le joueur
    • Problèmes d’orientation durant les courses
    • Impossible de recommencer les épreuves